Ce jour restera gravé dans ma mémoire… quand cette psychologue nous a rendu le bilan neuropsychologique de notre fille… quand elle a prononcé les mots AVS, MDPH… comme ça… sans ménagement… sans explications ou presque…
C’était en octobre. Elle avait insisté pour que les deux parents soient présents le jour du compte-rendu des tests réalisés par notre fille un mois plus tôt.
Tests que nous pensions nécessaires à la suite d’une observation inquiétante de la maîtresse de Grande Section. Notre fille était dans la lune 98 % du temps, du jamais vu selon elle !
Nous étions donc assis à son bureau à attendre les résultats… Notre fille était-elle trop intelligente qu’elle se permettait de rêvasser en classe ?
Non…
Intelligence moyenne…
Pas de précocité…
« Votre fille a un TDAH, un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité »
L’information n’était pas digérée qu’elle a continué son discours en nous expliquant que nous allons monter un dossier MDPH…
Monter un dossier MDPH ??????
La MDPH, je connais grâce à mes études en RH… mais je ne comprends pas bien… ma fille n’a pas eu d’accidents, elle est bien portante, elle n’a pas de handicap physique… J’ai expliqué au papa ce qu’est la MDPH, histoire d’avoir le même niveau d’informations…
La psychologue n’a pas daigné attendre que je finisse les explications, elle parlait en même temps que moi… sans sourciller, elle a mentionné la nécessité d’avoir une AVS, un suivi neuro et psy…
Une AVS ?????
Elle n’a pas pris cinq minutes pour nous expliquer ce qu’était une AVS, quel était son rôle et en quoi cette personne allait aider notre fille…
Nous étions là, dans ce bureau, à entendre une somme d’informations non négligeable, sans plus d’explications… Nous étions comme sur un ring, en train de recevoir uppercut sur uppercut sans protection… et nous sommes restés KO !
Suite à cette annonce plutôt abrupte, j’ai pleuré une semaine.
Quand on devient parents, la première chose qui nous inquiète et qui nous stresse c’est de mettre au monde un enfant malade ou qu’il le devienne très gravement.
A la naissance de l’enfant, c’est la mort subite du nourrisson qui nous angoisse.
Passés ces deux caps, on s’inquiète pour l’intégration de nos enfants dans l’institution où il va passer près de 15 ans de sa vie. Peur que l’enfant n’ait pas d’amis, peur que l’enfant soit en échec… Et là, une psychologue nous apprend que notre enfant n’est pas dans la norme… Et dans notre société, si nous ne sommes pas dans la norme, nous sommes « handicapés« .
J’ai acheté des bouquins, j’ai rejoint un groupe Facebook et j’ai fait LA rencontre qui va changer notre vie. Une pédopsychiatre, elle-même TDAH ! Une véritable bouffée d’oxygène ! Un rayon de soleil dans cette brume ! Elle nous a tout expliqué, elle nous a aidé à faire notre dossier MDPH… quant à l’AVS… pas besoin !
J’ai acheté d’autres bouquins, j’ai continué à lire des articles sur Internet, j’ai pris connaissance des posts sur mon nouveau groupe Facebook… et les angoisses ont diminué…
La MDPH a validé notre dossier : ma fille est officiellement reconnue comme handicapée.
Puis, les angoisses ont disparu quand les suivis avec la pédopsy se sont espacés et ceux avec la psychomotricienne se sont arrêtés : mon enfant avait bien tout assimilé. A l’école, tous les apprentissages sont réalisés. Elle est dans le groupe des « autonomes ». Une maîtresse attentive la « ramène » sur terre quand elle est trop dans la lune. Ma fille est formidable. Elle s’est même fait une amie ! Et elle s’en fera d’autres !
Je connais maintenant le trouble de ma fille sur le bout des doigts. Je peux l’aider, je peux mettre en place des stratégies avec elle et je la comprends mieux… C’est comme si on nous avait donné la dernière pièce manquante d’un puzzle !
Hier, c’était mon fils qui réalisait un bilan neuropsychologique… et devinez quoi ?
Pas de dossier MDPH pour lui… car il est Haut Potentiel, il n’a pas de reconnaissance « handicapé » mais il a besoin de beaucoup plus d’heures de psychomotricité que sa sœur plus de suivi pédopsychiatrique… un suivi orthophoniste aussi !
Les enfants à Haut Potentiel ont autant de difficultés que les enfants avec troubles : difficultés dans la gestion des émotions, dans la gestion de leur agitation, de leur ennui… Certains échouent volontairement pour ne par être catalogués comme bon élève… D’autres sont en échec scolaire, d’autres encore en phobie scolaire…
Mais on ne les aide pas, parce qu’ils sont Haut Potentiel…